Pourquoi ce sujet ?
Avant de faire ce métier, je me moquais gentiment en disant : « Tu as un problème ? Cherche pas, ça provient de ton enfance ! », pensant que c’était une caricature et que la réalité était tout autre.
Force est de constater que de nombreux traumas prennent leur source dans l’enfance, et notamment durant les 3 premières années de vie.
Vous connaissez John Bowlby et sa théorie de l’attachement ?
Selon le psychiatre et psychanalyste Bowlby, le nouveau-né possède de manière innée une propension à établir des liens forts avec des personnes particulières et cette propension se maintient tout au long de la vie.
Si les parents réussissent à fournir une réponse adéquate aux besoins de l'enfant, ce dernier aura toutes les chances de développer une base de sécurité solide et stable ainsi qu'une image positive de lui-même. A partir de cette base de sécurité, de nouvelles compétences vont apparaitre : la capacité de se séparer de sa mère pour aller explorer son environnement, la capacité d'attendre une réponse en différant ses désirs immédiats. Tous ces comportements relèvent de ce que l'on appelle " l'attachement sécure".
En revanche, si les parents ne fournissent pas les réponses appropriées aux besoins de l'enfant, ce dernier ne sera pas en mesure de s'appuyer sur une base de sécurité suffisamment solide et stable. Il aura du mal à avoir confiance en lui, il risque de développer un "attachement insécure" de type ambivalent, évitant ou désorganisé. Je n’irai pas plus loin dans l’explication de cette théorie, qui nécessiterait à elle seule de trop nombreuses pages. Pour celles et ceux que ça intéresse, de nombreux ouvrages existent.
Vous l’aurez compris, toutes les maltraitances de l’enfance vont donc avoir un impact sur l’enfant mais aussi sur l’adulte qu’il deviendra. Le terme maltraitance regroupe ici entre autres les violences physiques, psychologiques (humiliations par exemple), sexuelles, mais aussi la négligence.
Toutes ces formes de maltraitances entrainent malheureusement bien (trop) souvent un TSPT parfois des années plus tard. Même si pour le DSM-5 les attouchements ne sont pas considérés comme une violence sexuelle au même titre qu’un viol, ce qui est à mon sens une aberration qui laisse penser aux victimes que s’il n’y a pas de violence cela veut dire qu’elles sont responsables de ce qui s’est passé, je suis persuadée que beaucoup de victimes se reconnaîtront dans les critères de diagnostic du TSPT relevés dans le DSM-5 :
Critère A : Exposition à la mort effective ou à une menace de mort, à une blessure grave ou à des violences sexuelles.
Critère B : Symptômes envahissants associés à l’événement (reviviscences)
Souvenirs répétitifs, involontaires et envahissants de l’événement générant de la détresse
Rêves répétitifs provoquant un sentiment de détresse en lien avec l’événement
Réactions dissociatives (ex. : flashbacks)
Sentiment intense et prolongé de détresse lors de l’exposition à des indices internes ou externes évoquant ou ressemblant à l’événement
Réactions physiologiques lors de l’exposition à des indices internes ou externes évoquant ou ressemblant à l’événement
Critère C : Évitement persistant des stimuli associés à l’événement
Évitement des souvenirs, pensées ou sentiments liés à l’événement
Évitement des stimuli externes (personnes, endroits, conversations) qui éveillent des souvenirs liés à l’événement
Critère D : Altérations négatives des cognitions et de l’humeur associées à l’événement
Incapacité à se rappeler un aspect important de l’événement
Croyances ou attentes négatives et exagérées (de soi, des autres ou du monde)
Distorsions cognitives persistantes à propos de la cause ou des conséquences de l’événement qui poussent le sujet à se blâmer ou à blâmer d’autres personnes
État émotionnel négatif persistant
Réduction nette de l’intérêt pour des activités importantes ou réduction de la participation
Sentiment de détachement émotionnel ou d’éloignement
Incapacité persistante à ressentir des émotions positives
Critère E : Altérations marquées de l’éveil et de la réactivité associés à l’événement
Irritabilité, accès de colère, agressivité verbale/physique
Comportements imprudents/autodestructeurs
Hypervigilance
Réactions de sursaut exagérées
Problèmes de concentration
Problèmes de sommeil
Critère F : La perturbation dure plus d’un mois
Critère G : Le perturbation n’est pas imputable aux effets physiologiques d’une substance ou à une autre affection médicale.
Revenons à l’attachement. L’enfant a un besoin vital de s’attacher à une figure parentale. Dans les situations où le parent représente la menace (peu fiable, négligent, évitant, absent ou abuseur, violent), les instincts de survie du système nerveux autonome (combattre ou fuir) vont automatiquement s’activer mais vont aussitôt être bloqués par ce même système car l’enfant a besoin de sa figure d’attachement. De plus, le cerveau de l’enfant n’étant pas terminé, il n’a pas accès à certaines zones (le néo-cortex) qui lui apporteraient le recul nécessaire pour voir la situation telle qu’elle est réellement. Ainsi, l’enfant n’est pas conscient de la trahison de sa figure d’attachement. Il ne va donc pas affronter cette figure et il ne va pas non plus fuir. Il va donc désactiver son « détecteur de trahison » pour garder le lien d’attachement dont il a besoin pour vivre. Les conséquences peuvent être les suivantes :
· Amnésie traumatique = les souvenirs vont se stocker dans l’amygdale cérébrale car ils sont trop douloureux. L’amygdale, cette structure impliquée dans le contenu émotionnel de nos souvenirs, présente une hyperactivation. C’est elle qui prévient notre cerveau en cas de danger. De cette façon, le fait d’avoir vécu une situation traumatique lui fait traiter presque n’importe quel événement comme un risque. D’où la sensation de peur constante.
· Dissociation et incapacité de repérer les signaux de danger
· Alexithymie = incapacité de percevoir, d’étiqueter les sentiments. Déconnexion des émotions.
· Distorsions = L’une des caractéristiques de la mémoire traumatique est de biaiser les souvenirs.
· TSPT
· Développement de honte et de culpabilité = l’enfant, puis l’adulte, prend sur lui la responsabilité de ce qui s’est passé pour maintenir le lien d’attachement.
· Plus aucune confiance = méfiance constante
· Trop de confiance et risque de retraumatisation
Comment guérir de ce trauma complexe ?
La première étape, là encore, est de chercher et trouver un professionnel qui saura réparer la blessure du lien, c’est-à-dire en qui vous pourrez avoir confiance, avec qui vous pourrez vous sentir en sécurité. Ceci est indispensable.
Ensuite, plusieurs thérapies pourront vous aider : la thérapie comportementale et cognitive (TCC) et les mouvements oculaires (EMDR, IMO, brainspotting) entre autres. Attention néanmoins avec les mouvements oculaires ! En effet, si vous n’avez aucun souvenir précis du trauma, il est judicieux de ne pas aller à la recherche de quelque chose qui n’existe pas. De faux souvenirs ou des souvenirs trop douloureux pourraient émerger. Votre cerveau vous protège tant que vous avez besoin de l’être, attendez le bon moment pour aller à leur recherche. Vous pourrez aller mieux en travaillant sur les problématiques présentes.
J'ai vu passer cette phrase un jour, qui a marqué mon esprit : Un trauma ne s'oublie jamais, mais nous pouvons apprendre à le supporter en nous accordant de nouvelles opportunités pour être heureux.
Et vous que souhaitez vous ?
Spécialiste du trauma dans sa globalité, et formée à de nombreuses approches, je vous propose un accompagnement avec lequel vous êtes au cœur de la thérapie. Vous ne vous adaptez pas à moi et à une thérapie en particulier, mais je m'adapte à vous. Je vous propose une thérapie personnalisée, intégrative, afin de vous apporter la ou les thérapie(s) ainsi que les outils dont vous aurez besoin pour une guérison durable.
Christelle
CP psycho 17
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